Cour, Cœur ou l’écran de cinéma
RESTER DANS L’INSTANT.
RESTER DANS LES EAUX PRIMORDIALES.
« La lumière est projetée sur l’écran et les ombres qui y passent donnent l’impression aux spectateurs d’une représentation de film. Et ce serait pareil si dans ce même film on montrait aussi des spectateurs. Celui qui voit et ce qui est vu ne seront alors rien d’autre que l’écran. Appliquez cela à vous-même. Vous êtes l’écran, le Soi a créé l’ego et l’ego a ses formations de pensées qui se manifestent comme le monde, les arbres, les plantes, etc., dont vous parliez. En réalité tout cela n’est pas autre chose que le Soi. Si vous voyez le Soi, vous trouverez le Soi en tout, partout et toujours. Rien d’autre que le Soi n’existe ». (Ramana Maharshi 13a, 7-1-1935).
« Mais si l’homme parvient à se sentir lui-même comme l’écran sur lequel sont projetés le sujet et l’objet, il ne peut y avoir confusion. Il peut observer tranquillement leur apparition et leur disparition, sans que le Soi en soit troublé ». (Ramana Maharshi 62, 6-7-1935).
« Prenez l’exemple du cinéma. Des images bougent sur l’écran. Essayez de les attraper. Qu’attraperez-vous ? Rien que l’écran. Laissez disparaître les images. Qu’est-ce qu’il reste ? Encore l’écran. Il en va de même ici. Même lorsque le monde apparaît, voyez à qui il apparaît. Tenez le substrat du ‘je’. Une fois que vous le tenez fermement, qu’importe que le monde apparaisse ou disparaisse ». (Ramana Maharshi 65, 13-7-1935).
– M. : Il n’y a qu’une seule conscience. Mais nous parlons de plusieurs sortes de consciences, comme la conscience du corps, la conscience du Soi. Elles ne sont que des états relatifs de la même Conscience absolue. Sans conscience, le temps et l’espace n’existent pas. Ils n’apparaissent que dans la conscience. Celle-ci est comparable à un écran sur lequel ils sont projetés en tant qu’images qui bougent comme au cinéma. La Conscience absolue est notre nature réelle.
– Q. : Les objets que nous voyons, d’où proviennent-ils ?
– M. : De l’endroit d’où vous provenez vous-même. Connaissez d’abord le sujet et posez ensuite la question sur les objets.
– Q. : Ce n’est qu’un aspect de la question.
– M. : Le sujet comprend également l’objet. Cet aspect unique est un aspect qui inclut tout. Voyez d’abord vous-même, et les objets ensuite. Ce qui n’est pas en vous ne peut pas apparaître hors de vous.
– Q. : Cela ne me satisfait pas.
– M. : Vous ne serez satisfait que lorsque vous atteindrez la source. Jusque-là, il y aura de l’agitation.
– Q. : L’Être suprême est-il ou non pourvu d’attributs ?
– M. : Cherchez d’abord si vous, vous êtes pourvu ou dépourvu d’attributs.
(Entretien 198, 10-6-1936).
– M. : L’âme reste toujours pure et non contaminée. Elle est le substrat parcourant ces trois états. Quand l’état de veille prend fin, je suis ; quand l’état de rêve prend fin, je suis ; quand le sommeil profond prend fin, je suis. Ils se succèdent et cependant, je suis encore. Ils sont comme les images d’un film projetées sur un écran. Elles n’affectent pas l’écran. De même, je ne suis pas affecté quand l’un ou l’autre de ces états prend fin. Si ces états relevaient du corps, vous seriez consciente de votre corps en sommeil. L’êtes-vous ?
– Q. : Non.
– M. : Sans être conscient du corps, comment peut-on dire que le corps existe pendant le sommeil ?
– Q. : Parce qu’on le retrouve toujours au réveil.
– M. : Le sens du corps est une pensée ; la pensée appartient au mental, le mental s’élève après la pensée ‘je’ et la pensée ‘je’ est la pensée-racine. Si celle-ci est tenue fermement, les autres pensées disparaîtront. Alors il n’y aura plus de corps, plus de mental, ni même d’ego.
– Q. : Que restera-t-il alors ?
– M. : Le Soi dans toute sa pureté.
– Q. : Comment s’y prendre pour faire disparaître le mental ?
(Entretien 244, 19-8-1936)
« En fait, il n’y a ni jīva ni opérateur. Le Soi comprend tout.
Il est l’écran, les images, le spectateur, l’acteur, l’opérateur, la lumière et tout le reste. Le fait que vous confondiez le Soi avec le corps et que vous vous imaginiez être l’acteur est comparable à un spectateur participant à un film comme acteur. Imaginez-vous l’acteur qui demande s’il peut paraître dans une scène sans écran. Tel est le cas de l’homme qui pense pouvoir agir indépendamment du Soi ». (Entretien 313, 2-1-1937).
« Le sommeil n’est pas ignorance ; c’est votre état pur. L’état de veille n’est pas connaissance ; c’est l’ignorance. Il y a pleine conscience dans le sommeil et il y a ignorance totale dans la veille. Votre vraie nature recouvre ces deux états et s’étend au-delà. Le Soi est au-delà de la connaissance et de l’ignorance [donc au-delà de la SAISIE, au-delà de la loi de succion vulgaire].
Sommeil profond, rêve et veille ne sont que des modes défilant devant le Soi. Ils se poursuivent, que vous en preniez conscience ou non. C’est le cas du jnani [le Réalisé du Soi], chez qui les états de veille, de samâdhi [contemplation], de sommeil profond et de rêve se déroulent comme les boeufs qui avancent, restent à l’arrêt ou sont dételés, dans l’exemple du voyageur endormi. Ces questions n’existent que du point de vue de l’ajnani [l’ignorant]. Autrement elles ne se posent pas ». (Entretien 313, 2-1-1937).
Non, non, la Réalisation du Soi ce n’est pas du « somnambulisme » !
« Un film projette un incendie sur un écran de cinéma. L’écran prend-il feu ? Des tonnes d’eau sont déversées. L’écran est-il mouillé ? Du matériel est utilisé. L’écran en est-il endommagé ?
C’est pourquoi il est dit : acchedyo ’yam, adâhyo ’yam, akledhyah… [Il (le Soi) ne peut être ni blessé, ni brûlé, ni mouillé… (BhG II.24)]. Le feu, l’eau, etc., sont des phénomènes qui apparaissent sur l’écran du brahman (c’est-à-dire le Soi), et ils ne l’affectent pas ». (Entretien 316, 3-1-1937).
L’état d’Être ou l’état de COUR, CŒUR, se retrouve chez Shântideva (8-9è siècles) : La Marche vers l’Éveil.
L’existence d’une graine est constatée par une conscience différente de celle de la graine et de la pousse. Mais qui constate l’existence de la conscience à laquelle l’objet est révélé ?
« Si Dieu est la cause des mondes,
Dites-moi donc ce que Dieu est [pour vous] !
Les [grands] éléments [le monde] ? Dans ce cas,
À quoi bon se fatiguer pour un nom [et une forme-situation-opinion] seulement ? »
Qu’a voulu créer ce Dieu ?
Le Soi, les éléments (Terre, Air, Eau, Feu], lui-même ?
Tout cela n’est-il pas éternel ?
La conscience naît de son objet.
Pour ce Dieu ne crée-t-il pas en permanence ?
Pourquoi il s’est arrêté à un ’Big Bang’ ?
Si la cause première, ce Big Bang, n’a pas de commencement,
Quand commencera alors son effet ?
Puisque ce Dieu ne dépend de rien d’autre que de lui-même,
S’il n’est rien qu’il n’ait crée,
De quoi dépendrait-il ?
Si la création de Dieu est le fruit d’un BESOIN,
Ce Dieu obéit à une puissance AU DEHORS.
Ce Dieu est donc soumis à la vulgaire loi de succion.
Alors, EN QUOI EST-IL DIEU ???
QUI DIT « CRÉATION » DIT FUMISTERIE (ou CROYANCE), MORT.
Tant qu’une chose ne RENONCE à son irréalité, il lui est impossible d’ÊTRE (elle est seulement en avoir, elle est seulement en CONSOMMATION SOUS VULGAIRE LOI DE SUCCION ou PLOMB-PESANTEUR : SATURNISME OU MISE EN VALEUR DU TEMPS).
De même, un nom-la-forme existant ou en état d’ÊTRE ne peut devenir inexistant(1), sinon, ce nom-la-forme aurait DEUX natures ou DEUX Soi !
Et c’est l’Ainsité ou le ”JE-SUIS” du ”Je suis ce JE-SUIS” : il n’y a pas de cessation ou de mort, ni de « réalité » ou « objectivité » de quoi que ce soit, que tous les noms-les-formes animés ou faisant semblant d’être immobile sont à jamais de naissance et de cessation (la mort, le ”néant” du genre : « après la mort il n’y a rien », dixit le psychiatre Émile Rogé pendant son état de veille).
Padam (pied en sanskrit, le Soi)
Renoncement total ou Putréfaction
est le Signe de l’aptitude
d’avoir trouvé ”chaussure à
son Pied”, comme Cendrillon.
AUX 12 COUPS DE MINUIT LE CAPITALISME ET SA CRÉATION DE BESOIN POUVAIT NAÎTRE…….
AINSI, SI CE MONDE NE RECULE PAS (ne renonce pas), IL EST MORT ! Car la Vérité de l’Inaction est la Vérité de Nostre Vraie Nature. Le FAIRE/FER qui rouille si bien n’existe que du point de vue opinionesque RELATIF (idéation ou mise en valeur du temps).
« Padam, le Réel, existe et brille comme Vide omniprésent sans ni survenir [aucun ”Big Bang”] d’où que se soit, ni engendrer quoi que ce soit.
Padam est la forme du Soi véritable qui existe si immuable, qu’on ne peut ni le perdre ni l’acquérir [Il est INSAISISSABLE, comme La Vérité]
Bien que Padam existe, imprégnant chaque (objet) du Dedans comme du Dehors, aucun objet n’existe jamais en Lui » (Ramana Maharshi, dans Paramalai ’Une guirlande pour Padam’, recueil de courts aphorisme par Muruganar (1890-1973), un des proches disciples éveillés de Ramana Maharshi).
« Ayant renoncé à son propre corps comme n’étant pas soi-même, pourquoi devrait-on devenir un autre corps (celui de Dieu) ? Si le propre corps n’est pas le Soi, tout autre corps n’est pas le Soi non plus. Les protagonistes du monisme qualifié estiment que l’individualité est nécessaire pour faire l’expérience de la Félicité. L’individualité, c’est-à-dire le sens du ‘je’, ne devrait pas être perdue.
Oho ! Le Soi n’est pas le corps, mais votre Soi devient le corps de Dieu ! N’est-ce pas absurde ?
Si vous pratiquez la prapatti (l’abandon de soi) à Dieu, vous vous êtes livré à Lui et vous êtes donc à Lui et non plus à vous-même. Si Dieu a besoin d’un corps, laissez-Le en chercher un pour Lui-même.
Vous n’avez pas besoin de dire que Dieu a un corps ». (Ramana Maharshi 327, 13-1-1937).
« Le corps est la croix. Jésus, le fils de l’homme, est l’ego ou l’idée « Je suis le corps ». Après avoir été crucifié, il est ressuscité comme le Soi glorieux – Jésus, le fils de Dieu !
« Renonce à cette vie [de consommateur] si tu veux vivre »
(Ramana Maharshi 396, 12-4-1937).
INSAISISSABLE ou SAINT SILENCE : « Étant non duel, Padam [le Soi] ne peut être pensé ; de ce fait, aussi longtemps que l’on pense, Il ne brille pas » (Ramana Maharshi, dans Padamalai).
Il est certain que PADAM est ANTI-COMMERCE DONC ANTI-PAIX (”Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée”. (Matthieu 10,34). Ce monde fait le contraire et se ZOMBIFIE PAR CASTRATION).
Note.
1. Ainsité
Iti désigne l’ainsité (ainsi), le Soi, la Seule Réalité, ce qui ne peut être éliminé, le « JE-SUIS », tathata en sanskrit, shinyo en japonais (‘Je’ et ‘je’ et devient ku : au-delà de l’ego et de ses différences sur-mortelles par leur vulgaire loi de succion et du C(T)OUCHER.
AINSITÉ : ni s’enfuir, ni s’approcher. Le Centre est nulle part et la Circonférence est partout.
Ni apparaître, ni disparaître, seulement « Je suis ce JE-SUIS » ou immortalité, éternité du ‘Je’. Jean Coulonval dans Synthèse et Temps Nouveaux : « Il m’arrive encore de désirer le retour au Néant, l’anéantissement du ‘Je’. Mais, écrivant cela, je m’aperçois que c’est impossible. Retour au Néant ? Mais on ne peut retourner « à quelque chose » qui, par définition, ne peut être le Néant, le Rien. L’anéantissement du ‘Je’ ? Mais ce ‘Je’ est la fine pointe de mon âme, par laquelle je suis une « personne », selon la définition qu’en donne Olivier Clément, par laquelle je touche Dieu, je suis Dieu. Pouvoir tuer mon ‘Je’, ce serait pouvoir tuer Dieu. Idiot, stupide ! Le fleuve qui va à la mer ne peut supprimer sa source ».
L’œil ne peut fonctionner qu’en utilisant la lumière émanée du soleil, sans cela l’œil est inutile. De même, le jiva ou individu ne peut fonctionner qu’en utilisant la Conscience [le Sel…] qui émane du Soi. Également, de même que l’œil ne peut fonctionner que dans la lumière réfléchie du monde des Essences. Si l’œil se tourne pour regarder le Soi, il sera entièrement effacé et se fondra dans le Soi avec lequel il ne fera plus qu’un, comme le fleuve qui va à la mer ne peut supprimer sa source. C’est le EST, le « Je suis ce JE-SUIS ».